Les métros automatiques, 40 ans déjà
Lille est la première ville au monde à s'être dotée d'un métro automatique.
© Alain Dekoster / MEL
Lille est la première ville au monde à s'être dotée d'un métro automatique.
© Alain Dekoster / MEL
À Saint-Denis - Pleyel, la ligne 14 et son métro automatique préparent leur entrée en scène prévue dans un an. Sur les quais de la future gare, les portes palières sont déjà posées, annonçant la direction Aéroport d'Orly. Suivront les lignes 15, 16, 17 et 18, elles aussi entièrement automatiques. Une consécration pour une technologie qui souffle aujourd’hui ses 40 bougies.
Installation des façades de quai de la ligne 14 à la future gare Saint-Denis Pleyel
© Gérard Rollando / Société du Grand Paris
Le 25 avril 1983, toute l’industrie des transports publics avait les yeux rivés sur Lille, première ville au monde à faire le choix audacieux de l’automatisation. À l’époque, François Mitterrand, président de la République, inaugure le VAL (Véhicule automatique léger), la première ligne de métro automatique au monde.
Vidéo INA : Inauguration du VAL
La ligne 1 correspond à un tronçon de 9 kilomètres pour 13 stations, de Quatre Cantons à Villeneuve-d’Ascq à la station République, au cœur de Lille. Le premier métro sur pneus et sans conducteur est une réussite technique. Les archives de l'INA en témoignent.
Depuis, ce métro léger a fait des émules. Peu de temps après Lille, le VAL a été choisi pour la liaison automatique entre la gare RER d’Anthony et les deux aérogares de l’aéroport d’Orly.
Toulouse, Rennes et l’aéroport de Roissy ont suivi, adoptant cette technologie innovante à l’époque.
À l’étranger, le VAL et ses évolutions équipent aussi une ligne à l’aéroport de Chicago-O’Hare, qui a été transformée en monorail depuis, et on le retrouve également à Turin, à Taïpei la capitale de Taïwan, et à Ŭijŏngbu en Corée du Sud. Cette technologie légère de métro automatique reste plébiscitée par les villes qui ont fait, très tôt, le choix de l’automatisation.
Tout récemment, Rennes a mis en service le Cityval, la nouvelle génération de VAL, pour sa nouvelle ligne B. Son système d’automatismes de dernière génération, le CBTC, lui permet d’atteindre un intervalle de 60 secondes entre les rames. Le Cityval est doté de fortes capacités d’accélération et sa consommation d’énergie est réduite grâce à la gestion du mouvement des trains automatisés permis par le système automatique CBTC.
D’autres villes ou agglomérations ont aussi retenu cette solution pour leurs nouvelles lignes, mais en optant pour d'autres technologies. La métropole de Lyon a créé une ligne automatique baptisée Maggaly pour sa ligne D. À Paris, la ligne 14, baptisée Météor, est inaugurée le 15 octobre 1998. Elle accueille dès son ouverture 145 000 voyageurs chaque jour. Au delà de ses performances, et forte de ses prolongements, cette ligne automatique symbolise le tournant réussi de la RATP vers le XXIe siècle.
Le Grand Paris Express sera l’un des projets de métro automatique les plus importants du monde et le premier métro à roulement fer à circuler en mode automatique, sans conducteur, en France. Construits par Alstom, les trains du Grand Paris Express rouleront à une vitesse commerciale comprise entre 55 et 60 km/h, et pourront atteindre une vitesse de pointe de 110 km/h entre deux stations. Soit une vitesse bien supérieure à celle des autres moyens de transport. Avec à la clé, des gains de temps conséquents.
Toutes les fonctions d'exploitation seront automatisées :
Et cela continue ! Convaincues par les bienfaits de l’automatisation, les deux plus grandes villes françaises ont décidé d’automatiser progressivement les lignes déjà existantes. À Paris, la ligne 1 a été la première à se convertir à l’automatisation il y a onze ans. La ligne 4, deuxième ligne la plus fréquentée du réseau métropolitain avec 700 000 voyageurs par jour, achève son automatisation. Fin 2023, toutes les rames de la ligne devraient être remplacées par des rames automatiques. Mais dès à présent, l’automatisation a permis de réduire l’intervalle entre les métros et d’augmenter la capacité de transport de la ligne. Une nouvelle ère commence pour la ligne la plus fréquentée du réseau Île-de-France Mobilités, opéré par la RATP.
À Lyon, la ligne B a été automatisée il y a quelques mois. Mise en service en 1991, elle n’avait pas pu bénéficier jusqu'à présent de l’installation d’une solution de pilotage automatique intégral, contrairement à la ligne D. Désormais, les quelque huit kilomètres du trajet reliant les communes de Villeurbanne et Oullins, en passant par le quartier d’affaires de Lyon Part-Dieu, sont assurés sans conducteur.
Plus au sud, Marseille attend l’arrivée des nouvelles rames automatiques sur son réseau de métro pour la fin 2024. Conçues par le designer marseillais Ora-ïto, les nouvelles rames du métro de Marseille, qui pourront transporter chacune 500 passagers, sont écoconçues, ce qui devrait permettre leur revalorisation en fin de vie à hauteur de 96 %. Elles devraient consommer 25 % d’énergie en moins que les rames actuelles, grâce au freinage électrique, à l’éclairage LED et à d’autres optimisations.
De son côté, Toulouse a fait le choix de l’automatisation pour sa troisième ligne de métro, dont la mise en service est prévue pour 2028. Elle reliera l’Ouest à l’Est de l’agglomération (notamment ses sites industriels aéronautiques et spatiaux) sur 27 km.
Début 2020, on comptait pas moins de 64 lignes de métro automatique dans le monde, parcourant plus de 1 000 km dans 19 pays. Et quarante années d’expérience le prouvent. Que l’on opte pour une technologie légère ou lourde, l’automatisation apporte résilience, sécurité et efficacité au réseau de transport, et permet de réaliser des économies d’énergie en optimisant la cadence des trains et l’exploitation.