La Fabrique du métro dévoile de nouveaux équipements
© Société du Grand Paris / Julie Bourges
© Société du Grand Paris / Julie Bourges
Et dire qu’il était impossible de lire dans les premières stations du métro parisien ! Quand le réseau historique est mis en service au début du XXème siècle, les lampes qui éclairent les quais n’ont en effet qu’une capacité d’éclairage de 5 lux… Soit deux fois moins qu’un espace éclairé à la bougie ! Cette quasi-obscurité est d’ailleurs à l’origine des carreaux blancs, caractéristiques du métro parisien, qui devaient refléter au mieux la rare lumière en souterrain.
Au fil de son histoire, le métro gagne en éclairages, indirects ou directs, selon les époques et les technologies en vigueur, des lampes au sodium dans les années 1970 au LED qui équipe, depuis 1996, les 250 000 points lumineux du métro.
Et demain, qu’en sera-t-il sur les lignes 15, 16, 17 et 18 ? La réponse se trouve à Saint-Ouen-sur-Seine, dans les locaux de la Fabrique du métro. Dans ce lieu ouvert au public, les équipes qui pilotent le projet du Grand Paris Express travaillent sur tous les équipements qui, demain, accompagneront les voyageurs au quotidien. Depuis cet automne, on peut y voir la version définitive du bandeau lumineux. Situé sur toute la longueur du quai, au-dessus des portes d’accès au métro, cet éclairage semble filer à l’intérieur du tunnel.
Dès l’origine du projet du Grand Paris Express, la charte architecturale de Jacques Ferrier, déclinée dans les 68 nouvelles gares, privilégie la lumière naturelle qui doit parvenir jusqu’aux quais, aussi profonds soient-ils. Un choix qui s’avère plus que jamais payant et vertueux à l’heure de la sobriété énergétique. Sur le quai, une seule source d’éclairage artificiel donc, un bandeau lumineux. Avec un éclairage 100% LED, qui permet, à la fois, de diminuer la consommation énergétique et de limiter la production de déchets, la durée de vie d’une LED étant trois fois plus importante qu’un éclairage à incandescence.
Ce bandeau lumineux se révèle en fait plein de surprises. Sa forme bombée était destinée, à l’origine, à rappeler la forme circulaire du métro, un immense anneau autour de Paris. « Au cours des expérimentations menées à la Fabrique, on s’est rendu compte que cet aspect bombé éclairait mieux ! », relate le designer Henry Gagnaire, de l’agence Patrick Jouin ID.
Derrière ses rondeurs, ce bandeau a une autre caractéristique : il est adapté au cycle circadien. En clair, la lumière de l’extérieur sera retranscrite à l’intérieur. L'intensité lumineuse ainsi que la température de couleur varieront selon l'heure de la journée. Le quai et la surface se répondront donc en permanence et les gares, calées sur le rythme biologique, seront au service du bien-être des quelque 3 millions d’usagers quotidiens qui y passeront.
Ceux-ci pourront d’ailleurs lire sans s’esquinter les yeux : le cahier des charges précise que la lumière atteindra 100 lux pour un usager se tenant jusqu’à six mètres de distance de la façade du quai « Il fallait éviter à la fois le sentiment de pénombre, qui sollicite trop les yeux, mais aussi l’éblouissement, qui les fait plisser », résume Vincent Bernard, du groupement Egis Setec, maître d’œuvre Systèmes. 100 lux représentent en réalité une valeur assez basse en termes de consommation énergétique mais, grâce aux multiples tests, l’éclairage sera bon. « En permettant des essais sur les futurs quais, la Fabrique nous a offert du confort, poursuit Vincent Bernard. C’est une chance pour tous ceux qui travaillent sur la conception des quais. » Des professionnels qui ont pu ainsi relever un défi : éclairer au mieux, avec le moins d’énergie possible.
Nouvelle cabine ascenseur et son habillage extérieur à la Fabrique du métro.
© Société du Grand Paris / Julie Bourges
L’autre nouveauté qui a pris place à la Fabrique du métro se cache à proximité immédiate du quai. Une cabine d’ascenseur. Un prototype en tout point conforme aux ascenseurs qui seront installés sur tout le Grand Paris Express.
Dans le métro parisien, les premiers ascenseurs ont été installés en 1910 à République. Leur intérêt a été conforté dans les stations en grande profondeur, à Place des Fêtes (20,32 m) et à Buttes-Chaumont (28,70 m) en 1912. Les ascenseurs ne seront pas un luxe sur les lignes 15, 16, 17 et 18, où les quais se situeront, à Saint-Maur – Créteil par exemple, à 52 mètres de profondeur. L’ascenseur cumulera les fonctions de monte-charge et de desserte des quais pour le grand public. « Ce type d’équipement fait l’objet de beaucoup de normes, avec nettement plus de contraintes que le bandeau lumineux, compare Henry Gagnaire. On a conçu quelque chose d’extrêmement robuste mais on a aussi réalisé un vrai travail sur le design, avec une quantité de détails et des couleurs issues de la charte Île-de-France Mobilités : le blanc, le bleu, le gris anthracite… qu’on retrouve aussi sur la façade d’ascenseur et sur la façade de quais ».
A l’extérieur de la cabine, un écran dynamique délivre des informations voyageur en français, en anglais et en espagnol.
Quant au miroir intérieur, il répond aux normes d’accessibilité et offre l’occasion, pour les plus coquets des usagers, de se refaire une beauté.
© Société du Grand Paris / Julie Bourges
On connaissait les tunneliers fabriqués outre-Rhin creusant le sous-sol francilien. Le bandeau lumineux qui sera installé sur les quais éclaire cette fois un savoir-faire italien, grâce à la société SOLARI DI UDINE. Une entreprise familiale prédestinée à apporter de la lumière : Solari, le patronyme de ses fondateurs il y a trois siècles, signifie « solaire » en français. Spécialisée dans l’horlogerie, c’est dans les années 1950 que la société a opéré un virage vers les transports. Elle a notamment mis au point le célèbre mécanisme qui faisait, par petits paliers, tourner les lettres sur les panneaux d’affichage dans les halls de gares.