Des voussoirs ultra bas carbone expérimentés sur la ligne 18
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
Le site de l’usine Stradal d’Aubergenville (78) est dominé par le haut silo de la centrale à béton, cerné par des piles de voussoirs. Chaque jour, il en sort une centaine destinée au revêtement du tunnel de la ligne 18. Au milieu des voussoirs stockés, l’œil attentif notera que certains sont d’une couleur plus claire que les autres. Cette légère nuance de teinte est le seul indice qui permet d’identifier une innovation majeure : ces voussoirs révolutionnaires sont les premiers à avoir été conçus en ultra bas carbone.
Rétropédalons de quelques années. En partenariat avec Ecocem, VINCI a réfléchi à une solution afin de décarboner au maximum sa production de béton. Cette solution existe grâce à un matériau : le laitier. A l’origine, il s’agit d’un sous-produit issu des sites sidérurgiques, une sorte d’écume qui surnage dans les hauts-fourneaux quand la matière est chauffée pour fabriquer de la fonte. Pendant longtemps, on a considéré que ce laitier n’était qu’un déchet. Jusqu’à ce qu’on lui découvre une vertu essentielle, celle de se substituer au ciment dont la fabrication génère du carbone. Le laitier a donc intégré un cycle d’économie circulaire et il est aujourd’hui valorisé jusqu’à représenter 60 % de la composition des voussoirs du Grand Paris Express, qui étaient donc déjà « bas carbone ». Or, la nouvelle génération sera « ultra bas carbone ». Grâce au liant alcali-activé à base de carbonate de soude, VINCI et Ecocem ont mis en place un béton essentiellement à base de laitier. Un premier emploi en a été fait, au siège de VINCI, à Nanterre, pour ériger les piliers sur lesquels reposent huit étages.
Elle aussi en quête de solutions innovantes pour réduire l’impact écologique de la construction du métro, la Société du Grand Paris a appuyé cette innovation pour la fabrication des voussoirs. Fabriqués en septembre, les six premiers voussoirs ont subi une batterie de tests. « Les résultats sont concluants, on va donc pouvoir produire les premiers voussoirs ultra bas carbone destinés à être posés sur la ligne 18 », se félicite Frédéric Delort, responsable de projet industriel chez Stradal. Pour cette phase encore expérimentale, trois anneaux, soit 21 voussoirs, vont ainsi être posés aux abords de la ligne, du côté d’Orly.
En parallèle a été mené un travail d’homologation : le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) et l’Evaluation technique européenne (ETE) ont évalué et validé ce procédé qui a été jugé conforme à la norme béton. « Ce béton ultra bas carbone présente les mêmes performances qu’un béton traditionnel », constate François Cussigh, expert béton chez Vinci qui a suivi le processus d’innovation depuis ses débuts.
Production de voussoirs sur le site de l’usine Stradal
Production de voussoirs sur le site de l’usine Stradal
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
Une nouvelle fois, la Société du Grand Paris a offert un cadre propice à l’éclosion d’innovations. C’est ainsi que la France est désormais pionnière dans ce béton innovant et plus écologique. S’il venait à se généraliser dans les tunnels du Grand Paris Express, ce béton nouvelle génération permettrait de consolider l’ambition environnementale du nouveau métro, réaffirmée par le maître d’ouvrage à l’automne dernier : en effet, les émissions de gaz à effet de serre qu’il génère sont inférieures de l’ordre de 70% à un béton traditionnel, et de 50% au béton bas carbone déjà utilisé. D’ores et déjà, la Société du Grand Paris a intégré dans son cahier des charges le recours à un « béton performanciel » sur la ligne 18, pour la portion allant de Villiers-le-Bâcle jusqu'à Versailles Chantiers.
Pierre Tannous (Stradal), Brice El Meliani (VINCI), Frédéric Delort (Stradal) et Bruno Paul-Dauphin (VINCI)
Pierre Tannous (Stradal), Brice El Meliani (VINCI), Frédéric Delort (Stradal) et Bruno Paul-Dauphin (VINCI)
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet