Trois tunneliers et un café
- Ligne 16
- Ligne 17
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
« J’ai vu arriver un chantier, alors j’ai changé de nom ! », explique humblement Mourad Atia, après quatre heures de service. Comme tous les midis, son restaurant, la Cantine du GPE, a tourné à plein régime. « À l’origine, cet endroit était un café-tabac. J’ai repris l’affaire en juin 2018, juste avant le démarrage des travaux. L’installation de ce gros chantier du Grand Paris Express ne m’a pas dérangé. Bien au contraire ! Il a généré un peu de clientèle dans cette zone un peu excentrée. »
« Avant les rénovations, on ne savait pas trop où on mettait les pieds. », reconnaît Bruno, directeur de prévention ligne 16 – Lot 1 chez Eiffage génie civil. « L’apparition de la mention « la Cantine du GPE » sur la vitrine nous a bien fait rire ! », poursuit son collègue Héraklès. « Puis nous avons remarqué les nouvelles peintures, la mise en place d’un écran de télé… Mourad a aussi fait des efforts pour la déco, il a changé les tables, mis des napperons. Maintenant, nous venons ici quasiment tous les midis. »
À cheval sur les communes de La Courneuve et du Bourget, le vaste chantier de l'ouvrage Verdun, situé dans l’avenue éponyme, partage sa base vie avec celui de la future gare Le Bourget RER. Un cheminement les relie, un aménagement qui permet aux compagnons du site le plus éloigné de venir plus facilement se restaurer dans les bungalows de chantier… ou à la Cantine du GPE.
Mourad Atia, gérant de la Cantine du GPE
Mourad Atia, gérant de la Cantine du GPE
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
« Cette brasserie fait désormais partie de la vie du chantier », reprend Héraklès. « On associe constamment les travaux aux nuisances qu’ils peuvent causer, mais cet endroit est un bel exemple de l’impact positif qu’on oublie souvent. Quand nous faisons le tour du chantier avec des visiteurs, nous mentionnons à chaque fois que ce bistrot est aujourd’hui devenu notre annexe. Cela fait toujours sourire. »
« Avoir notre « cantine » juste en face de l’ouvrage Verdun est bien pratique, ne serait-ce que pour faire une pause et boire un café. On est plutôt bien lotis, il suffit de traverser la rue ! », renchérit Bruno. « Nous avons souvent droit à de petites attentions de la part de Mourad, il nous offre des olives ou du thé à la menthe. Les menus sont complets et proposés à un prix raisonnable, ce qui ne gâche rien. » À tel point que l’enseigne attire des ouvriers de chantiers voisins.
La cantine du GPE au Bourget
La cantine du gpe au Bourget
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
Qu’ils s’accoudent au comptoir le temps d’avaler un Espresso, qu’ils passent en coup de vent acheter un sandwich ou qu’ils s’installent à une table pour déguster la « formule du chantier », les ouvriers sont tous les jours accueillis avec le sourire. À l’écoute, Mourad adapte souvent son service en fonction des demandes. « Ma philosophie est de recevoir mes clients comme je m’attends à être reçu quand je vais au restaurant » confie-t-il. « Il m’arrive d’honorer des commandes hors menu. Ça ne me gêne pas, tant que j’ai les ingrédients. »
Le jeudi et le vendredi, le couscous est à l’honneur à la Cantine du GPE. « Ce plat a un succès fou ! » s’exclame Mourad. « Avant, je n’en faisais que le vendredi, mais beaucoup de compagnons qui habitent en province partent en week-end ce jour-là, avant midi. J’ai donc pris l’initiative d’en proposer aussi le jeudi, pour que tout le monde puisse en profiter.»
La Cantine du GPE n’est pas seulement un modèle de cohabitation possible entre un commerce et des travaux. La promiscuité d’un chantier a parfois des avantages insoupçonnés, comme l’explique Ben, un habitué : « Quand j’ai connu cet établissement, il y avait encore des hangars à la place du chantier. Aujourd’hui, les anciens comme moi côtoient la nouvelle clientèle. Des ouvriers, des cadres… On croise différents corps de métier. C’est une bonne chose, ça crée des contacts. »
« Je suis content d’avoir réussi à mélanger plusieurs publics. Ça ne me déplaît pas », enchaîne le patron des lieux. « Gérer une affaire dans une zone industrielle n’est pas simple. Il faut s’accrocher, donner beaucoup de son temps. Mais j’aime les challenges ! »
La cantine du GPE au Bourget
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet
Pendant la durée des travaux, l’ouvrage Verdun servira de puits de lancement de trois tunneliers, dont un qui partira deux fois. À terme, il remplira la fonction d’ouvrage de raccordement – il permettra de dissocier les lignes 16 et 17 en gare de Le Bourget RER – et d’ouvrage de service. Ne loupant rien de la montée en puissance des travaux, Mourad a prévu de réaliser une extension pour accueillir vingt couverts supplémentaires.
La cantine du GPE au Bourget
© Société du Grand Paris / Claire-Lise Havet