A Saint-Denis Pleyel, Kengo Kuma en visite de sa propre gare

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Après plus de deux ans de crise sanitaire, l’architecte Kengo Kuma a pu voyager en dehors du Japon pour visiter le chantier de la gare qu’il a dessinée, Saint-Denis Pleyel. Grâce à un prototype, il a pu se projeter dans le hall voyageur et réaliser d’ultimes arbitrages.

Après de longs mois de distance et de communication virtuelle, les échanges humains sont de retour. Equipé d’un chasuble « visiteur », Kengo Kuma déambule ce 30 mai 2022 dans le puits de la gare Saint-Denis Pleyel et scrute les travaux avec la plus grande attention. Autour de l’architecte, l’assemblée paraît recueillie, attentive à chaque regard, notant chaque observation. « C’est la messe », glisse même avec humour l’un des participants.

ULTIMES AJUSTEMENTS DANS LA GARE SAINT-DENIS PLEYEL

Retenu au Japon pendant la pandémie, Kengo Kuma effectue sa première visite en Europe depuis deux ans et demi. Il a profité de l’actuelle accalmie sanitaire pour effectuer le tour du chantier de la plus grande gare du Grand Paris Express où se croiseront les lignes 14, 15, 16 et 17 du nouveau métro et qui accueillera 250 000 voyageurs par jour.

Le prototype du hall voyageurs.

Sa venue tombe à point nommé puisque le prototype vient tout juste d’être achevé. Ce mini hall voyageur, qui comprend une façade et un intérieur, traduit ses choix architecturaux. « Un tel prototype permet d’ajuster certaines choses qu’on ne voit pas sur les dessins, abonde Aurélie Vernon, directrice de projet dans son équipe. Outre l’intérêt visuel, on peut aussi tester la solidité ».

TEINTES ET MATÉRIAUX

Kengo Kuma

Capturant en photo les détails qui l’interpellent, il est précis, très méticuleux sur le choix des matériaux et des teintes qui doivent apporter de l’intimité et une touche de chaleur à cet immense bâtiment. Il donne son avis sur les finitions et tranche entre les différentes couleurs. Pour comparer entre deux échantillons de couleur, un compagnon se hisse au sommet de la façade à l’aide d’une nacelle : Kengo Kuma peut ainsi sélectionner le ton qui lui convient. «J'ai demandé quelques changements mineurs mais l’essentiel est beau, déclare l’architecte. Je suis satisfait de la qualité et de l’allure de la façade. Les rivets et les scellages sont bien intégrés, les panneaux sont précis… Donc, je suis heureux de ce résultat. » Il nous confie que le travail réalisé est encore « mieux qu’[il] pensait » et se déclare maintenant impatient de voir le chantier achevé.

DE RETOUR DANS LE GRAND PARIS

Kengo Kuma ne s’en cache pas, il est aussi ravi d’avoir retrouvé le Paris tel qu’il existait avant la pandémie. Il y ressent « la même atmosphère ». Il connaît bien la capitale française où est localisée son agence européenne. «Auparavant, il venait tous les deux mois à Paris », relate Aurélie Vernon. C’est cette même équipe parisienne qui a réalisé les travaux au musée Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt. Sa connaissance de l’agglomération a nourri son regard sur le rôle de Saint-Denis Pleyel dans l’agencement du Grand Paris. « Avant, les autoroutes séparaient les quartiers, analyse l’architecte. Mais avec cette gare, les espaces seront intensément connectés et les gares attireront de nouvelles activités. Les hautes tours seront rénovées et d’autres arches et tours deviendront des symboles de Paris. Les gares ne sont pas seulement une question d’architecture, ce sont aussi des lignes qui peuvent changer la majeure partie de Paris ».

La gare sera mise en service dès 2024 avec le prolongement de la ligne 14. D’ores et déjà, les travaux de la gare Saint-Denis Pleyel sont entrés dans leur phase d’aménagement depuis le printemps 2021. Les locaux techniques, par exemple, se séparent des espaces voyageurs… Dont le prototype nous donne déjà un premier aperçu.

L'ensemble des collaborateurs entourant l'architecte.