Ces satellites qui gravitent autour du Grand Paris Express

Photo du Grand Paris diffusée par Thomas Pesquet de la Station Spatiale Internationale
Avec le creusement du nouveau métro, les mouvements du sol font l’objet d’une surveillance de tout instant. Parmi les technologies utilisées, l’interférométrie contrôle d’éventuelles variations… depuis l’espace.

De sa station spatiale internationale, Thomas Pesquet a envoyé le 28 avril 2021 une photo du Grand Paris. À l’œil nu, on y distinguait plusieurs sites emblématiques du nouveau métro, et notamment les chantiers des gares Saint-Denis Pleyel et Pont de Sèvres.

ONDES SATELLITAIRES

Type d'images recueillies par satellites

Il est vrai que si l’aventure du Grand Paris Express se joue essentiellement en souterrain, l’aventure spatiale ne lui est pas étrangère. Ainsi, l’Agence Spatiale Européenne, l’employeur de Thomas Pasquet, et l'Agence Spatiale Allemande observent le tracé du nouveau métro. Depuis l’espace, des satellites guettent les éventuels mouvements du sol depuis les débuts du Grand Paris Express. Il s’agit ici d’une onde émise par le satellite et absolument pas d’une photo aérienne, rien ni personne ne figure sur ces images. Nous sommes également loin des « cartes postales » envoyées par Thomas Pasquet sur les réseaux sociaux. Graphiquement, cela s’apparenterait plutôt à une peinture totalement abstraite réalisée dans un style pointilliste. En effet, on ne pourrait dénombrer l’infinité de points de couleurs différentes, chacun correspondant à la réflexion d’un objet sondé. Entre deux passages de satellites successifs, on mesure les infimes déplacements du sol avec une précision millimétrique.

Cette technologie est utilisée, en outre, dans la construction d’infrastructures de génie civil d’envergure : les autoroutes,  les ponts, les viaducs, les barrages, etc. Dans le monde, ce système a déjà été utilisé pour :

  • le chantier Crossrail au Royaume-Uni ;
  • la construction du métro de Lima au Pérou ;
  • l'extension de la Purple line du métro de Los Angeles aux États-Unis ;
  • la construction du métro de Barcelone en Espagne ;
  • l'extension de l’autoroute Westconnex à Sydney en Australie.

DU LONG TERME

Concrètement, la Société du Grand Paris s’est dotée de l’expertise d’un prestataire, Tre-Altamira. Cette société puise des imageries de la surface de la Terre, comme d’autres empruntent des livres à la bibliothèque, et constate d’éventuels déplacements du sol. Cette technologie spatiale s’ajoute à des systèmes d’auscultation traditionnels, plus « terre à terre » mais très efficaces également. Des capteurs sont positionnés en permanence sur le sol ou sur des ouvrages en construction, ils alertent instantanément en cas de variation de hauteur ou de gauche à droite. Avec ce maillage de capteurs, on utilise le théodolite automatique qui permet de réaliser des relevés topographiques avec des angles dans les plans horizontaux et verticaux. L’interférométrie complète ce dispositif, avec une réactivité moindre mais avec l’avantage de s’inscrire dans la longue durée. Il est ainsi possible de remonter jusqu’en 1992 (soit bien avant le projet du Grand Paris Express) et d’observer les sols avant même que les tunneliers aient commencé à creuser. L’autre intérêt est qu’il est également possible de suivre l’évolution des ouvrages bien des années après leur mise en service. Le viaduc de la ligne 18, long de 6,7 kilomètres, bougera forcément avec le temps, ce qui est normal, et cette technologie permettra de surveiller depuis l’espace comment l’infrastructure vieillira.

Ces mesures prises par les satellites ont aussi permis d’affiner le tracé autour de la gare Institut Gustave-Roussy. Cette portion de la ligne 15 Sud  traverse une zone avec des carrières souterraines. Grâce aux données recueillies par l’interférométrie, l’évolution des tassements sur plusieurs années a confirmé les points exacts où la surface du sol bougeait. Lorsque cela a été possible, le tracé a évité ces carrières, dans les autres cas, celles-ci ont été comblées. De quoi permettre au  nouveau métro de suivre sa bonne étoile.