Dans le parc du Sausset, le Grand Paris Express se met au service de la biodiversité

Parc départemental du Sausset à Aulnay : installation de la pompe à eau
À Aulnay-sous-Bois, le parc départemental du Sausset abrite une faune et une flore abondantes. Demain, cet écrin de la biodiversité en Île-de-France sera desservi par les lignes 16 et 17 du Grand Paris Express. En attendant, la Société du Grand Paris vient d’y installer une pompe à eau pour protéger ces précieux espaces humides.

A l’œuvre depuis vingt ans au parc départemental du Sausset, Vincent Gibaud vient d’instaurer un nouveau rituel. Chaque mois, le chef de service vérifie le fonctionnement de sa pompe à eau flambant neuve. Une pression sur le bouton et l’eau de la nappe phréatique se déverse dans un caniveau et ruisselle jusqu’aux milieux aquatiques. Tout est paré pour palier une éventuelle baisse de la ligne d’eau.
 

Parc départemental du Sausset à Aulnay : installation de la pompe à eau

Partie de campagne en zone urbaine

À l’origine de cette pompe installée en début d’année, il y a cet étonnant panorama champêtre. Un cadre naturel très attractif pour les oiseaux qu’il convient de préserver. Avec Georges-Valbon à La Courneuve, le parc départemental du Sausset fait partie des poumons verts créés de toutes pièces en Seine-Saint-Denis à partir des années 1970 pour offrir des écrins de nature aux habitants. Un million de visiteurs par an viennent s’y promener. Demain, l’arrivée de la ligne 16 et de la ligne 17 du Grand Paris Express drainera des populations de l’est et du nord de l’Île-de-France. A cette vocation sociale s’ajoute un autre objectif, assez novateur à l’époque de sa création : ancrer des réservoirs de biodiversité au cœur d’une région dense et bitumée. Dédiée à la fois au public et à la nature, la gestion du parc se veut ainsi «harmonique».

Paysage

Sous les dessins des célèbres paysagistes Claire et Michel Corajoud, les travaux ont été entamés en 1981. Le parc a été installé à Aulnay-sous-Bois sur d’anciennes terres agricoles de la Plaine de France, dont la fertilité a favorisé la croissance des végétaux. Plutôt que de remodeler la surface et d’y installer des buttes, le paysage a été pensé sans remuer la structure du sol. Résultat, les urbains du voisinage s’y promènent comme à la campagne, avec sa forêt, son marais, ses prés, sa ferme et même son vignoble. L’empreinte agricole d’origine a été préservée. Difficile à croire qu’on se trouve en pleine Seine-Saint-Denis !

Ce parc sert également de halte aux espèces migratrices qui survolent, en Île-de-France, des territoires essentiellement urbains. Au cours de leur périple de milliers de kilomètres, grèbes, oies, sternes et butors se reposent ici et trouvent de quoi se nourrir. « Le parc comprend des centaines d’espèces, des plus anodines aux plus protégées », raconte Vincent Gibaud sous les cris des oies bernaches, qui semblent réclamer voix au chapitre. Cette vocation au service de la biodiversité a été couronnée par l’obtention du label Natura 2000. « C’est le fruit de travaux et d’attention constants », poursuit le responsable du parc. Et parmi ces attentions, il y a la construction de cette pompe… C’est ici que la Société du Grand Paris entre en action.

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Lignes d'eau et de métro, même combat

Les futures lignes 16 et 17 passent à proximité de plusieurs nappes phréatiques dont celle de Saint-Ouen, une rivière souterraine dont dépendent les points d’eau du parc. Elle est d’ailleurs apparente dans le parc, puisqu’elle correspond à l’étang et au marais. Il convient donc de redoubler de vigilance pour éviter tout impact qui entraînerait mécaniquement une baisse des niveaux d’eau. Vivent ici quelques-uns des rares couples des blongios nains vivant en Île-de-France : toute baisse brutale du niveau d’eau provoquerait immanquablement l’effondrement de leurs nids. « Comme ce sont des espèces protégées, on a un devoir de maintien de leur habitat et des conditions d’accueil sur le site », confirme Vincent Gibaud. Plus largement, c’est toute la biodiversité environnante qui en pâtirait. Tout l’écosystème du parc repose donc sur cette nappe qu’il convient de préserver.

De l'eau pompée à 60 mètres de profondeur

Lors du creusement des gares et ouvrages de service, tout est entrepris pour minimiser les effets sur la nappe. Les parois moulées constituent une boîte étanche à l’intérieure de laquelle on vient pomper l’eau pour construire à sec. Cependant, les nappes pouvant être connectées entre elles, un possible abaissement des étangs a été identifié dès les études préalables. « Le risque est difficile à évaluer, mais il faut toujours imaginer le pire, précise Vincent Gibaud.

On a réalisé des modélisations que l’on ajuste selon l’expérience acquise sur les autres lignes de métro. » Les autorités environnementales de l’Etat ont exigé une compensation de la part de la Société du Grand Paris pour réalimenter les points d’eau en cas d’éventuel dommage. Les mesures de compensation sont chose courante, il y en a d’ailleurs à l’étude dans le parc pour créer une piste cyclable. « Mais la réalisation d’un tel ouvrage sort de l’ordinaire, c’est assez exceptionnel », souligne Vincent Gibaud. Les travaux de forage dans le sol pour y puiser l’eau ont commencé en octobre 2021 et la pompe est aujourd’hui opérationnelle. Si l’on constate une baisse du niveau, l’eau pompée à 60 mètres de profondeur dans la nappe réalimentera les points d’eau du parc. Tous les jours, les écogardes du parc en mesurent le niveau à la surface. De son côté, la Société du Grand Paris le surveille à l’aide de piézomètres enfoncés dans le sol. Toute anomalie serait ainsi détectée.

Une pompe du même type a été installée au parc départemental Georges-Valbon. La pérennité des milieux aquatiques est ainsi assurée. Désormais, les oiseaux peuvent nicher tranquillement dans les roselières pendant que le Grand Paris Express avance.

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