Observations de chantiers : sur la trace du tunnelier Caroline de la ligne 18
- Ligne 18
© Société du Grand Paris / Julie Bourges
© Société du Grand Paris / Julie Bourges
Les visites aux abords des chantiers du Grand Paris Express se suivent mais ne se ressemblent pas. Médiatrice culturelle pour la Société du Grand Paris, Carmen Atias n’est jamais avare en surprises. Ce jour-là à Massy, elle célèbre un anniversaire et replonge ses visiteurs un certain 19 juillet 1900 : les premiers usagers du métro découvraient alors la ligne 1 flambant neuve, creusée sous la rue de Rivoli, dans le cœur historique de Paris. 124 ans plus tard, c’est au tour de la ligne 18 de voir le jour. C’est sur le chantier du Puits Maréchal Leclerc que Carmen a donné rendez-vous aux visiteurs pour leur dévoiler les secrets d’une ligne singulière dans le tracé du Grand Paris Express.
Un parterre de visiteurs familiers du sujet a répondu à l’appel. Outre les passionnés du rail, on compte un géotechnicien, un ancien urbaniste de la mairie de Massy et même la propre mère de la marraine du tunnelier Caroline. Fière de sa fille, la joueuse de rugby Caroline Boujard, elle trépigne à l’idée de s’approcher du fameux engin, « une machine fascinante et terrifiante » comme la qualifie Carmen. Le tunnelier Caroline a commencé son périple ici, dans ce puits, pour creuser souterrainement un tronçon de la ligne 18.
Le train-usine s’inspire de la taupe pour avancer de 12 mètres chaque jour. Caroline a beau se trouver à 28 mètres sous terre, on devine pourtant son activité grâce à la bande convoyeuse, qui s’étire sur des kilomètres. Celle-ci évacue les excavations de terre jusqu’à des chariots. Des déblais qui représentent, sur l’ensemble du Grand Paris Express, l’équivalent de huit pyramides de Gizeh. « Et là intervient un métier insoupçonné : les chimistes du BTP qui analysent les déblais pour savoir comment les réutiliser », s’enthousiasme notre guide. Ils deviendront une matière première destinée à combler les carrières, fabriquer des briques ou encore créer des parcs.
Carmen introduit les visiteurs sur l’emprise de chantier. Avec ce leitmotiv : « Nous voilà dans la peau d’un compagnon, nous sommes des privilégiés ». A ceci près que les visiteurs restent évidemment éloignés des travaux, circulant sur des parcours soigneusement balisés. Même dans cet espace sécurisé, on devine en surface l’activité souterraine de Caroline. Avec ces empilements de voussoirs qui seront bientôt acheminés dans le tunnel. Ou encore cette piscine qui recueille l’eau de la nappe phréatique traversée en sous-sol.
Ce chantier a également une mascotte, un magnifique cèdre du Liban qui est choyé, protégé jusqu’à l’achèvement des travaux. Une fois le chantier levé, l’arbre veillera sur le puits qui sera transformé en l’une des sorties de secours disséminées tous les 800 mètres dans le tunnel. Faisant du Grand Paris Express le métro le plus sécurisé au monde ! « Marilyn Monroe a laissé une photo iconique de ces grilles de tunnel où l’air est injecté en permanence, rappelle Carmen. Moi aussi, je me mets parfois dessus pour tenter le diable, mais c’est toujours solide !».
Sécurisée comme les autres lignes du nouveau métro, la 18 se démarque en revanche par d’autres aspects. Carte à l’appui, Carmen montre que cette ligne a été tracée en dehors des rocades ceinturant le Grand Paris. Reliant opportunément Aéroport d’Orly à Versailles Chantiers, l’un des lieux les plus touristiques au monde, la 18 doit largement sa raison d’être à Irène Curie et Frédéric Joliot, un couple qui a installé la recherche en chimie sur le Plateau de Saclay. On cherchait alors à éloigner ces activités des zones densément peuplées. Résultat, ce plateau a attiré, au fil des années, d’autres centres de recherche jusqu’à devenir la « Silicon Valley française ». Mais le développement de ce site stratégique dépend de son accessibilité, aujourd’hui malaisée. A ce titre, la ligne 18 marquera une amélioration considérable. Le tronçon de Massy - Palaiseau à CEA Saint-Aubin sera ouvert en 2026 et comprendra un viaduc, avec une partie aérienne longue de 14 km. Cette ligne est donc la seule, avec la 17, à être dotée d’une section extérieure. Le reste de la 18 ouvrira en 2027 et en 2030.
Les visiteurs repartent, délestés de leurs questions. Caroline et sa ligne 18 leur ont livré leurs secrets. Quant à Carmen, elle prépare déjà sa prochaine visite, ici ou ailleurs, pour d’heureux passionnés.
Les observations commentées des chantiers sont gratuites et ouvertes aux plus de 16 ans. Cliquez ici pour les découvrir.
Sur la gauche, le cèdre du Liban.
Sur la gauche, le cèdre du Liban.
© Société du Grand Paris / Julie Bourges